À la rencontre des salamandres 

Gardiennes discrètes de nos forêts

Dans les forêts mystérieuses du nord de la France, où la lumière filtre à travers les feuilles et où la mousse tapisse les sous-bois, une créature fascinante se faufile discrètement. La Salamandre tachetée, souvent invisible pour les yeux inattentifs, est un joyau de la biodiversité. Pourtant, aujourd’hui, un danger silencieux plane sur cet emblème du monde sauvage : un pathogène venu d’ailleurs, Batrachochytrium salamandrivorans, ou “le dévoreur de salamandres”, menace leur existence.

Le projet Salamandres : protéger pour mieux connaître 

C’est face à cette menace que le projet de suivi des salamandres 2023-2025 a vu le jour. L’association Picardie Nature en est l’animateur à l’échelle Hauts-de-France et le GON partenaire pour le Nord et le Pas-de-Calais. La DREAL Hauts-de-France en est le soutient financier.

L’objectif est clair : surveiller attentivement les populations de Salamandres tachetées dans les Hauts-de-France, ces forêts ancestrales qui abritent une faune précieuse mais vulnérable.

Sous la direction de Louis Pétoux, une équipe d’experts et de bénévoles parcourt les forêts du Nord et du Pas-de-Calais, à la recherche de signes subtils. Le moindre changement, la plus petite anomalie dans les populations peut être le signal d’une propagation du terrible Bsal.

Les sites suivis par le GON

L’appel de la nuit : des dragons au secours des salamandres 

Inspiré par le protocole poétiquement nommé « La nuit des dragons » de la Société Herpétologique de France et l’Union des Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement, ce suivi s’étend sur de vastes territoires. Sous le ciel étoilé, à la lumière des lampes frontales, les passionnés marchent en silence, écoutant le chant de la forêt et observant la moindre étincelle de vie. Chaque soirée est une promesse, celle d’une découverte ou d’un simple constat que tout va bien, encore pour cette nuit.

Les parcours, minutieusement organisés, traversent des sentiers, des clairières, et des ruisseaux. Chaque pas est un geste en faveur de la biodiversité, un appel à préserver ce trésor fragile.

Une menace invisible mais bien réelle 

Le Bsal, ennemi invisible mais redoutable, provoque des symptômes qui échappent souvent aux yeux non avertis. Des ulcérations cutanées, une peau qui change de couleur, et dans ses derniers stades, une apathie presque tragique avant que la mort ne vienne faucher ces créatures paisibles. En l’espace de quelques semaines, des populations entières peuvent disparaître sans espoir de retour.

Pour l’heure, il n’existe pas de résistance naturelle chez nos salamandres, et les experts estiment qu’une action rapide est cruciale. Interdire les importations d’animaux exotiques susceptibles d’apporter le pathogène est l’une des mesures envisagées.

Cliquez sur l’icônes pour accéder aux données de Salamandre tachetée issues de notre base de données SiRF

Un avenir incertain, mais une volonté indéfectible 

Bien que l’avenir des salamandres soit incertain, la mobilisation autour de ce projet offre une lueur d’espoir. La nature, lorsqu’elle est observée avec attention et protégée avec soin, a parfois cette capacité à se régénérer.

Dans les forêts du Nord, les salamandres continuent de nous rappeler la magie de la vie sauvage. Elles sont les témoins silencieux d’un monde en perpétuel équilibre, où l’homme doit se faire humble gardien plutôt que maître.

Alors, si un jour vous traversez les bois de notre région, prenez le temps d’écouter le murmure des feuilles, car, quelque part, à l’abri des regards, une salamandre veille.

Le saviez-vous ? 

La Salamandre tachetée, aussi appelée “salamandre de feu”, est entourée de légendes fascinantes. Dans l’Antiquité et au Moyen Âge, on croyait qu’elle avait un lien magique avec le feu ! Cette idée vient du fait qu’elle se réfugiait souvent dans des bûches humides, et lorsqu’elles étaient jetées au feu, les salamandres en sortaient, donnant l’illusion qu’elles naissaient des flammes. Symbole de force et de transformation, la salamandre représente la capacité à surmonter les épreuves et à renaître.

François Ier, roi de France, a choisi la salamandre comme emblème pour sa capacité à résister au feu, symbole de force et de résilience. Sa devise, « Nutrisco et extinguo » (« Je me nourris et j’éteins »), reflétait l’idée de nourrir le feu de la vertu et d’éteindre celui du mal. À travers cet animal, François Ier voulait incarner un roi fort et juste, capable de surmonter les épreuves et de guider son royaume avec sagesse, tout en marquant son règne par le renouveau de la Renaissance.

Chez la Salamandre tachetée, les bébés se développent à l’intérieur de la mère grâce à un mode de reproduction appelé ovoviviparité. Les embryons grandissent dans des œufs à l’intérieur du corps de la femelle et naissent sous forme de petites larves déjà prêtes à affronter le monde ! Cela leur offre une protection précieuse contre les prédateurs et les conditions difficiles. Ce phénomène est également observé chez d’autres animaux de la région, comme le Lézard Vivipare et la Vipère Péliade.

Chaque salamandre a un motif unique de taches, un peu comme nos empreintes digitales ! Grâce à l’intelligence artificielle, il est désormais possible d’identifier non seulement l’espèce, mais aussi chaque individu, en utilisant des logiciels sophistiqués. Une avancée technologique précieuse pour mieux les protéger !

La longévité moyenne d’un individu est d’une vingtaine d’année en milieu naturel. Néanmoins, une salamandre a vécu de 1863 à 1913 d’abord dans le Musée Zoologique de Göttingen puis au Musée Alexander Koenig de l’institut de recherche Zoologique de Bonn : soit 50 ans de longévité !

Pour aller plus loin 

N’hésitez pas à nous contacter en utilisant le formulaire.

Une étude allemande qui étudie divers paramètres environnementaux influençant la présence et l’abondance des larves dans différentes unités paysagères d’une zone d’étude d’Europe centrale de plus de 5 000 km² : cliquez-ici

Une étude menée dans le Nord et le Pas-de-Calais examine les populations d’amphibiens en 1974, 1992 et 2011 : cliquez-ici

La page de notre centrale faunistique dédiée aux amphibiens : cliquez-ici

Vidéo (en anglais) sur la disparition des salamandres : cliquez-ici